La joie et la gaieté habituelle faisaient vibrer les voix qui s’élevaient comme chaque soir dans la Grande Salle. Cependant, plus les secondes défilaient et plus une certaine effervescence naissait en chaque élève qui attendait avec excitation l’annonce qui ne tarderait plus à s’en suivre. Le nom des futurs capitaines des équipes de Quidditch ne tarderait bientôt plus à être enfin annoncé…
Un léger sourire mesquin dessiné sur les lèvres, Draco n’attendait plus qu’une chose : que son nom retentisse avant les applaudissements bien mérités qui s’en suivraient. Totalement confiant, il sentait son estomac se tordre avec plaisir sous l’effet de l’adrénaline qui commençait à monter en lui. Oui, Dumbledore avait dû le choisir, il n’y avait pas le moindre doute. Après tout, qui mieux que Draco Malfoy saurait emmener son équipe à la victoire ? Il était déterminé, autoritaire, largement talentueux, il n’en doutait pas un seul instant. Et c’était sans compter sur ce que penserait son père lorsqu’il lui apprendrait la nouvelle. Le regard quelque peu égaré, il s’imaginait déjà en train de rédiger sa lettre à son paternel, lui annonçant sa promotion au rang de capitaine. Il serait fier de lui, nul doute la dessus. Et même s’il disposait déjà de toute l’influence qu’il était possible d’avoir au sein de l’école, être promu à ce poste était toujours grandement apprécié.

Et enfin, le moment arriva. Le vieux directeur se leva de sa chaise et quitta la table des professeurs pour se diriger devant son estrade. Levant les mains, le silence s’installa aussitôt dans la vaste salle. Le regard des élèves rivés sur lui, enfin les noms retentirent : Davis, Diggory, Potter et enfin… lui. Oui, il avait été choisi. Il en avait été certain, ça n’était pas une surprise. Pourtant, il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir un immense élan de fierté l’envahir. Les Serpentards l’acclamant haut et fort, son regard se posa toutefois sur Potter, assit à la table des Gryffondors. Un sourire mauvais s’agrandit sur ses lèvres lorsqu’il aperçu son ennemi de toujours, ses prunelles d’acier luisant d’un air de défis délicieux. Une nouvelle occasion de s’affronter se présentait là, et nul doute que le brun aurait bien du souci à se faire.

Se levant à la fin du dîner pour rejoindre le bureau du Professeur Dumbledore comme celui-ci l’avait demandé aux nouveaux capitaines, le jeune homme quitta la foule, le visage haut et le dos droit, empli d’un orgueil qui le caractérisait tant. Ignorant parfaitement les trois autres qui se dirigeaient dans la même direction que lui, Draco s’arrêta enfin devant le passage bloqué par une gargouille de pierre qui leur donnerait l’accès au bureau du directeur. Celle-ci se mettant aussitôt à pivoter à leur approche, les capitaines montèrent les escaliers en colimaçon qui débouchèrent enfin devant la porte du bureau du vieil homme.

Davis frappant à la porte, les adolescents pénétrèrent dans la salle aux couleurs chaleureuses. Comme toujours, des centaines d’objets reposaient çà et là dans un fouillis paradoxalement parfaitement ordonné. Le vieil homme leva son regard vers eux, ses prunelles d’un bleu pur les fixant chacun d’eux tour à tour par-dessus ses lunettes en demi-lune, tout comme les portraits des différents directeurs qui les observaient avec attention. S’écartant du phœnix dont il caressait le plumage d’un rouge de feu, il fit apparaître à leur approche deux autres poufs face à son bureau pour que chacun d’eux s’installent. S’exécutant en silence, Draco écouta avec attention le discours du Directeur qui leur présentait une nouvelle fois les règles auxquelles tous devraient se plier, avant de leur demander de former au plus vite leurs équipes. Pour sûr, le Serpentard savait déjà parfaitement qui il voudrait voir à des postes bien définis.

Puis leur souhaitant à tous une bonne soirée, le Professeur leur indiqua la porte de son bureau. Se dirigeant vers la sortie, Draco échangea un bref regard avec Potter, un sourire provocateur sur les lèvres. Refermant la porte en chêne derrière eux, le blond se tourna vers lui et lui dis de son ton traînant et sournois :

« Tu peux dire adieu à tes espoirs de victoire Potter, maintenant les choses vont changer. J’espère bien que tu n’oublieras jamais ce qu’a été la sensation d’avoir un Vif d’Or dans tes mains, car, crois-moi, tu ne vas plus en toucher un de si tôt. »

Lorsque la voix claire de Dumbledore retentit dans la Grande Salle et énonça son nom parmi ceux des nouveaux capitaines des équipes de Quidditch, Harry devina qu'il aurait pu hurler sa joie comme un dément. Il avait donc été choisi ! Il écoutait à peine ce que le directeur ajouta car l'euphorie l'envahissait avec une force déferlante. Il se sentait profondément heureux.

Son premier réflexe fut de se trouver brièvement vers Malfoy qui semblait lui aussi très satisfait de sa nomination mais qui gardait toujours cette contenance. A la table des Gryffondor, l'annonce avait provoqué un tout autre méli-mélo de réactions. Les uns hurlaient, les autres applaudissaient et tout le monde montraient sa joie d'être mener à la Coupe par le Survivant.

Il n'était pas temps pour les doutes sur ses capacités à gérer l'équipe, ou l'angoisse pour la sélection des joueurs qui auraient lieu le lendemain. Non pour le moment, Harry était dans un état de bonheur déconcertant qu'il lui fit apprécier comme jamais d'être à Poudlard. C'était aussi à cet instant qu'il réalisait combien la vie était devenue fade comparée à ses premières années au château.

Comme si la mélancolie s'était emparée de lui et le tenait entre ses longs doigts crochus. Tout ça était lié à ses rêves, il le savait mais il se rendait particulièrement compte de combien il en souffrait alors qu'il était acclamé par la foule de rouge et or. Harry soupira un peu, nostalgique du temps où le simple fait d'être assis sous le ciel enchanté à déguster des plats qui arrivaient par magie sur la table, lui procurait le même bien être.

Puis à la fin du repas, après avoir reçu les flatteries et les louanges de ses compagnons de chambrée, dont certains comptaient bien faire partie de l'équipe, Harry déclara qu'il était temps pour lui de rejoindre Dumbledore dans son bureau avec les autres capitaines. En effet, le directeur venait de quitter la table des professeurs, et jetant un oeil vers les Poufsouffle et Serdaigle, il se rendit compte que Davis et Diggory se levait à sa suite.

Harry quitta donc la Grande Salle après une nouvelle salve d'applaudissement de la table des Gryffondor qui, comme d'ordinaire, se montrait la plus bruyante. En quittant le banc pour arpenter l'aller menant à l'immense porte de chêne massif, il fut rejoint par Malfoy et les deux autres qui marchèrent d'un même pas vers la sortie. Dire qu'à présent ils seraient tous en compétition les uns avec les autres ...

En arrivant au septième étage, devant la Gargouille qui lui était familière, Harry tenta de ne pas laisser son regard s'égarer du côté de Malfoy. Leur dernière rencontre s'était terminée d'une façon pour le moins inattendue et le blond faisait tout son possible pour ne jamais le croiser, ou si ça arrivait tout de même comme à cet instant, à l'ignorer avec superbe. Comme si rien ne s'était passé ...

Fronçant les sourcils, Harry ne pouvait renier qu'il était vexé de cette attitude. Cela n'avait-il rien changé à ses yeux ? A ses yeux à lui pourtant tout était différent. Ce qu'il pouvait maudire l'indifférence dans son regard et la froideur de son visage. Le rouge aux joues et le souffle court lui allait terriblement mieux. Harry secoua la tête alors que la Gargouille s'écartait pour les laisser passer. Il fallait penser à autre chose !

En grimpant l'escalier en colimaçon et après que la porte de bois se fut ouverte devant Davis, les quatre capitaines entrèrent. Diggory et Davis arboraient un sourire confiant mêlé de fierté et d'orgueil d'avoir été choisis une fois de plus, Malfoy et lui débordait de fierté mais il était évident qu'un peu de malaise s'emparait d'eux. Seraient-ils capables de faire mieux que Flint et Wood, les deux anciens capitaines depuis moult années ?

Le blond n'en semblait point douté alors qu'Harry était plus dubitatif. Olivier avait toujours été un excellent meneur d'hommes et Harry doutait de pouvoir arriver à son niveau. Mais il avait surement lui aussi ses points forts et ses qualités. De là à l'égaler, ce n'était pas forcément assuré !

La voix de Dumbledore le sortit de ses réflexions et Harry écouta attentivement le discours de ce dernier après s'être assis sur un pouf que le professeur avait matérialisé un peu plus tôt. Puis, après avoir intégré les notions élémentaires et le rôle fondamental du capitaine, Harry fut plutôt soulagé d'être déjà congédié. Il avait envie de retrouver son dortoir ! Surtout qu'il avait à s'organiser pour les sélections du lendemain.

Il sortit hors du bureau en dernier. Malfoy se retourna vers lui avec un sourire goguenard et lui lança une réplique tellement banale. Harry ne put s'empêcher de grimacer car sa phrase le renvoyait à une autre sensation qu'il était bien partie pour ne jamais plus ressentir. Voyant que Diggory et Davis discutait également un peu plus loin, Harry s'arrêta brusquement et tira sur le bras du blond pour qu'il fasse de même.



En parlant de respect, les choses commençaient très bien ! Harry grinça des dents et poursuivit son chemin avec pour sa Némésis un regard de mépris qui ne découlait pas seulement de ce qu'il venait de lui dire, mais aussi de ce qui s'était produit entre eux auparavant ... Comment pouvait-il à ce point ignorer ce qui s'était passé alors qu'Harry était obnubilé par cette soirée ?