Le nom de Greengrass faisait partie des noms renommés dans le monde sorcier britannique. Il avait même un petit quelque chose de plus par rapport aux autres grandes familles de sang purs : contrairement aux Malefoy, aux Lestrange, aux Black ou encore aux Carrow, leur nom n'était pas associés à des grands fanatiques du sang pur, bien que prenant soins de ne pas souiller leur sang avec des moldu. De même, contrairement aux Weasley ou aux Abbot, ils étaient bien loin d'être même soupçonnés d'être des traîtres à leurs sang. Non, les Greengrass sont une famille aristocratique, de bonne famille, cherchant à rester entre sorcier d'un rang équivalent mais sans pour autant vouloir une suprématie absolue des sangs-purs.

C'était, malgré tout, une famille assez rigide et demandant beaucoup à leurs membres, une famille pleine de règle, ou l'étiquette et les bonnes manières pouvaient faire office de bible. C'est dans ce monde remplis de convenances et de faux semblant qu'Astoria vit le jour. Deuxième enfant du couple Greengrass, deuxième fille d'ailleurs, elle était destinée à être une femme du grand monde, noble, bien élevée, calme, érudite mais juste ce qu'il fallait pour avoir des conversations agréable avec un futur mari, de naissance aussi noble que la sienne. Oui enfin, déjà toute petite, Astoria en avait décidé autrement.

À peine sut-elle marcher que ses parents comprirent qu'ils n'avaient pas affaire à une seconde Daphné, leur première fille. Courant partout, se fichant des réprimandes et d'une curiosité insatiable, ce premier sentiment s'accentua quand la fillette fut en age de parler. La faire tenir convenablement à table était un combat de chaque jours, en réalité, le simple fait de la faire tenir tranquille était en soit un combat. Ils durent se montrer bien plus intransigeant avec la petite cadette, bien plus qu'avec l’aînée qui, elle, était un modèle de docilité et d’obéissance. Une sorte de rivalité se créa d'ailleurs assez vite entre les deux sœurs, l'une exaspérée de voir sa sœur faire l'andouille, l'autre ne comprenant pas comment on pouvait se comporter comme une simple poupée. De même, Astoria était également assez jalouse de sa sœur, elle aurait juste voulu que ses parents l'aiment telle qu'elle était, sans vouloir la façonner comme un joli vase tout vide.

En grandissant, donc, elle se calma légèrement, acceptant d'apprendre les règles, les respectant en face de ses parents, la plupart du temps. Elle devint à leurs yeux une brave petite princesse, mais ils n'étaient pas leurrés étant donné que la fillette redevenait elle-même dès qu'ils avaient le dos tourné. Difficile de croire en la sincérité du calme d'une gamine qui se retrouve avec de la boue sur la robe et des brindilles dans les cheveux, de croire qu'elle était restée dans sa chambre plutôt que d'avoir été courir dans la forêt voisine. Astoria connaissait les règles, elle avait juste choisit qu'elle ne voulait pas les appliquer, que cela l'ennuyait et qu'elle pouvait très bien être une grande sorcière à sa façon. Déjà enfant, elle attendait plus de la vie qu'être juste une femme du monde, faire bonne figure lors des réceptions, dont la plus grande tache serait d’élever ses enfants exactement comme on l'avait élevée elle.

Quand sa sœur entra à Poudlard, la cadette eut l'audace d’espérer qu'elle aurait un peu plus de paix, celle qui devait lui servir de modèle n'étant plus à la maison. Que nenni, ce furent les deux années les plus ennuyeuses qu'elle n'ait jamais connu. D'habitude, c'était sa sœur qui accompagnait ses parents dans les réceptions, dans le beau monde, qui représentait l'avenir de la famille. Sa sœur étant à l'école, elle dût s'y coller à sa place. Elle découvrit la réelle définition de l’ennui et détesta plus que jamais cette vie de petite fille modèle, de jolie poupée, maniée par ses parents, juste utile à bien se tenir, sourire et montrer à quel point elle était polie, bien élevée, et surtout sans la moindre originalité. Tout en elle se révoltait devant l'idée de faire ça toute sa vie.

Son entrée à Poudlard fut la plus grande des libérations, elle fut envoyée à Serpentard, le choixpeau reconnaissant sa force de caractère. Il n'y avait plus que sa sœur pour lui lancer des regards désapprobateurs, et des lettres rageuses de sa mère. Mais elle s'en fichait à présent, être punie chaque vacance n'était qu'un prix très faible en échange d'une chose inestimable : être elle-même. Elle se révéla être une élève assidue et intelligente, intéressée par les cours, surtout les cours pratiques. Dans sa maison, parmi les Serpents, elle se fit connaître comme une fille forte, sur laquelle on ne pouvait pas essayer de marcher sans en subir les conséquences, dès sa première année, elle posa les bases de ce qu'elle voulait : qu'on la respecte telle qu'elle était. Le revers de la médaille était qu'on ne la considérait moins comme une fille que comme un bon pote, mais ça, à son age, elle s'en fichait. Le problème viendrait sans doute plus tard, quand elle grandirait et voudrait que les garçons la voient comme une fille, mais pour le moment, elle avait ce qu'elle voulait : elle était elle, elle était libre, et elle était heureuse.

-Astoria ?! Mais où elle se cache encore... Nous n'avons pas le temps pour ça.

Mme Greengrass était exaspérée, depuis dix minutes elle cherchait sa fille cadette d'un bout à l'autre de la maison. L’aînée, Daphné, était bien sage dans l'entrée, avec sa valise et celle de sa sœur, leurs affaires prêtes et empaquetés, son hibou dans sa cage ululant rageusement sur le petit chat qu'Astoria avait adopté quelques jours plus tôt. Inutile de dire que Dame Greengrass avait tout fait pour que sa fille renonce à l'idée saugrenue d’appeler son chat « Merlin ». Tout était malgré tout prêt à partir, tout sauf la petite Astoria qui partait pour sa première rentrée à Poudlard, et qui demeurait introuvable.

Ce fut Mr Greengrass qui retrouva la petite, celle ci était sortie par la fenêtre de sa chambre, au dernier étage, et boudait, assise sur le toit. Il la ramena dans le hall, non sans la réprimander assez copieusement sur le fait qu'elle les avait mis en retard.

-Mais Daphné elle a dit que j'étais « tout juste bonne à aller à Poufsouffle » ! Bougonna la fillette.

Aussitôt démentie par la concernée qui assura qu'elle mentait. La parole de la petite qui avait pour habitude de mal se comporter et de défier sa sœur, contre celle de la plus grande, toujours sage et au visage angélique. Leur mère assura à la cadette que, si elles n'avaient pas eu le Poudlard Express à prendre dans quelques minutes, elle aurait été consignée à sa chambre pour avoir essayé une fois de plus de blâmer son ange de grande sœur. Estimant l'incident clos, ils transplanèrent avec leurs filles et leurs valises, pour apparaître sur le quai de la gare. La petite Astoria restait renfrognée, triste de cette nouvelle injustice, c'était toujours à sa sœur qu'on donnait raison.

C'est toujours aussi boudeuse qu'elle monta dans le train, elle en voulait à ses parents, mais eux au moins elle ne les reverrait plus avant les vacances. Elle en voulait aussi à sa sœur, et elle, elle serait obligée de rester avec elle, d'autant qu'elle comptait bien aller à Serpentard, elle aussi. Même si sa sœur lui avait dit, un peu plus tôt dans la journée, qu'elle n'avait pas le caractère de la maison. Ce à quoi elle avait rétorqué qu'il ne fallait pas nécessairement être une peste sournoise se cachant derrière ses parents pour être une vraie Serpentard, ce qui avait abouti à « de toute façon toi tu seras rien d'autre qu'une Poufsouffle ».

C'est pourquoi donc elle ne suivit sa sœur qu'avec de très grandes réticences en allant s'installer dans un compartiment, avec ses amis. Elle s'installa près de la fenêtre et écouta d'une oreille à peine attentive, Daphné la présenter comme il se devait, comme si elle n'avait pas été si méchante avec elle quelques minutes plus tôt. De toute façon, elle n'avait pas besoin d'elle, ni de ses amis, encore moins de leurs parents. Elle ramena ses pieds sur la banquette, attrapa un livre et se mis à lire, Merlin blotti contre elle.

Ils arrivèrent en fin de journée à Poudlard, Astoria avait fini par laisser sa sœur et ses amis pour aller fureter dans les autres compartiments, pour trouver un groupe de premières années avec qui elle avait bien rit, le voyage avait été bien plus agréable qu'il ne s'était annoncé d'entrée de jeu. Elle descendit du train et suivit la meute des nouveaux, guidés par un homme gigantesque et plein de barbe mais qui, malgré son allure impressionnante, fit pressentir à Astoria que c'était quelqu'un qu'elle aimerait bien. Ils traversèrent le lac sur des barques, ce qui se solda par une bataille d'eau entre sa barque et celle voisine, accompagné de grands éclats de rire et des avertissements de la part de leur accompagnateur. Enfin, au terme de ce périple et des couloirs de l'école, ils entrèrent dans la grande salle, le choixpeau était installé, Astoria sautillait presque sur place. Sa sœur l'observait, assise parmi les Serpentards, à côté d'un garçon aux cheveux blonds.

-Greengrass, Astoria. Annonça le professeur McGonagall, la sous directrice de l'école.

Astoria, sure d'elle, ignorant le regard de sa sœur qui semblait clamer « n’espère même pas aller à Serpentard », alla s'installer sur le tabouret. McGonagall plaça le chapeau sur ses cheveux d'or et la grande salle disparu de ses yeux, il ne restait plus qu'une petite voix, celle d'un objet magique qui lui, verrait qui elle était.

-Tiens tiens, la deuxième Greengrass, très différente de ta sœur à ce que je vois. Mais la même volonté d'aller à Serpentard... Aha ! Tu ne veux pas y aller par simple tradition toi, hum, je vois de l'ambition, tu veux être reconnue pour ce que tu es n'est-ce pas ? Une vive intelligence aussi, tu aurais été à ton aise aussi à Serdaigle, mais tu as un très fort caractère... et tu envisages de me couper en morceau ? Adorable. Enfin soit, ton choix comme le mien est fait.. SERPENTARD !

Le cœur de la fillette bondit dans sa poitrine et elle se releva tendit que des applaudissements éclataient du côté de la table des verts et argent, elle s'y dirigea et alla s'installer à une place libre, non loin de sa sœur. Elle ne lui dit qu'une chose et une seule.

-Na.

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